Le post-traitement d’un portrait

Comment bien traiter un portrait ?

Petite introduction

Ce soir, j’ai voulu partager avec vous un article sur le post-traitement que je fais sur chaque portrait. Avant toute chose, je tiens à préciser que je n’ai rien inventé. Mon post-traitement, c’est un patchwork de toutes les techniques que j’ai pu apprendre à travers les nombreuses vidéos disponibles sur le net. J’en ai testé tout un tas et n’ai pas été convaincu par toutes. Car forcément, sur Internet, il y a beaucoup d’information, mais toutes ne sont pas bonnes à prendre. Il a fallu compulser et digérer toutes ces données, avant que je puisse créer les scripts Photoshop que j’utilise encore aujourd’hui.

S’il fallait donner la meilleure source d’apprentissage… alors sans hésiter je parlerais du site (en anglais) : Phlearn.com. C’est une mine d’information sur ce qu’il est possible de faire sur Photoshop et l’anglais parlé est compréhensible (non, je ne suis pas bilingue, loin de là !).

Eh oui, la majorité du traitement (95%) se passe dans Photoshop. Ce logiciel n’est pas du tout familier de prime abord. C’est à force de persévérance qu’on finit (plus ou moins) par le dompter. Je dis “plus ou moins” car connaître toutes les ficelles de ce logiciel me semble bien difficile. La finalisation de la photo quant à elle se passe sur Lightroom. Vous l’aurez compris, je suis fan des logiciels d’Adobe.

Le but de ce post-traitement est de magnifier la photo. Il ne s’agit en aucun cas d’altérer le modèle, mais plutôt de la sublimer. Je ne fais jamais de “morphing” pour épaissir des lèvres ou agrandir les yeux (ou la poitrine :p). Je garde le modèle tel qu’il est, avec ses qualités et ses défauts, défauts que j’essaie d’atténuer au maximum.

Ready ? Let’s go !

 

La photo « brute de capteur »

Ci-dessus, le cliché “brut de capteur” réalisé un matin de Janvier sur les berges de la Garonne. Avec Cindy, nous avons tout de suite aimé cette photo type “L’Oréal”, avec ses beaux cheveux au vent. Cette photo, c’est une bonne dynamique dans les cheveux, un regard intense et un joli flou d’arrière plan. Mais malgré tout, comme la plupart des photos brutes de capteur, elle est relativement fade : les couleurs ne sont pas assez pêchues, le sujet n’est pas assez mis en valeur, même s’il se détache déjà bien du fond “flou” (le terme adéquat est : le bokeh).

 

Traitement de la peau

Mon premier travail de post-traitement consiste à travailler sur la peau. A ce titre, je fais plusieurs choses. La première, c’est enlever les défauts de la peau (boutons et cie…) via la technique du “Split frequency”, ou en français “séparation des fréquences”. Cela a pour but de pouvoir enlever les défauts sans pour autant altérer la texture de la peau.

En second lieu, je vais “adoucir” la peau. Le visage est plus doux que la photo précédente, sans pour autant lui donner un effet plastique. La technique utilisée est une combinaison de “passe-haut” sur photoshop + flou gaussien léger. Enfin, j’harmonise les tonalités. En quelque sorte, le but est de ne pas passer d’une tonalité à une autre de manière franche, mais d’essayer d’estomper les transitions de tonalité, pour faire un visage plus doux. Si vous “scrollez” entre la première photo et celle-ci, vous remarquerez qu’en effet les imperfections de la peau ont disparu et que le visage semble plus doux.

Je passe pas mal de temps sur cette partie, dépendamment bien évidemment de la qualité de la peau du modèle. Mais disons qu’il m’arrive sans problème d’y passer 30 à 45mn jusqu’à ce que le résultat soit à la hauteur de mes attentes.

 

Traitement des cheveux

La seconde étape est le travail sur les cheveux. En fin de compte, je ne fais que deux choses : je travaille sur le contraste (via une courbe sur Photoshop) puis j’accentue ce contraste avec la technique de Dodge & Burn (intraduisible en français) qui consiste à assombrir ou éclaircir certaines zones… donc tout simplement, augmenter le contraste. Le D&B, je le fais sur certaines mèches de cheveux, donc je zoome pas mal et j’utilise un pinceau très petit. En regardant à tour de rôle cette photo et celle d’avant, vous pourrez sans doute voir la différence. Ce n’est pas flagrant (sur cette photo du moins), mais il y a bien une différence. Les cheveux sont plus éclatants par ce travail sur le contraste.

Etape suivante : les yeux !

 

Travail sur les yeux

Je crois que c’est, avec la colorimétrie (qui viendra en dernière étape) mon moment préféré. Car quand j’arrive à la fin du traitement des yeux, si vous m’avez bien suivi, cela veut dire que j’ai traité la peau, les cheveux et le regard. J’arrive alors à une photo qui commence déjà à devenir très sympa.

Au niveau des yeux, je procède ainsi : je rend le blanc des yeux “plus blanc”. J’enlève, le cas échéant les petits vaisseaux sanguins disgracieux. Je mets du contraste dans le regard. De la netteté (via un filtre passe-haut) et je termine par du D&B comme pour les cheveux. Pour cette photo, sans altérer la couleur d’origine, j’ai toutefois éclairé un peu les yeux pour leur donner plus de puissance. Car s’il est bien quelque chose de primordial dans un portrait, c’est le regard. On se focalise sur les yeux. Raison pour laquelle je suis assez intraitable sur la netteté du regard. Un cliché légèrement flou sur les yeux, n’est pas rattrapable. On ne peut pas transformé le flou en net. On peut accentuer la netteté, mais pas la créer.

Parfois, il m’arrive, je l’admets, de tricher… en ajoutant quelques cils pour rendre le regard encore plus intense… Je le fais à la main, au pinceau (minuscule) en prenant comme couleur de référence celle d’un cil existant.

Traitement des lèvres, contraste et vibrance

Mais ce n’est pas fini. Ci-dessus, l’étape suivante : le traitement des lèvres, la vibrance et le contraste de la photo.

Au niveau des lèvres, pour cette exemple, j’ai voulu des lèvres un peu plus dans le rouge et un peu plus sombres. J’accentue les éclats de lumière sur les lèvres (oui oui) encore et toujours pas un D&B. Enfin, au même titre que les yeux, j’utilise un passe-haut pour accentuer leur netteté. Car en fin de compte, ce qui doit être net sur un portrait (selon moi), c’est les yeux (sourcils inclus) et les lèvres qui sont sur le même plan vertical. J’ajoute ensuite du contraste et j’accentue légèrement la vibrance (i.e colorimétrie des tons moyens).

 

La colorimétrie

L’étape suivante, ma préférée, est de jouer sur la colorimétrie globale de la photo. Je dis que c’est ma préférée, car c’est à ce moment précis que j’ai l’impression de “créer” quelque chose. Jusqu’à maintenant, je n’ai fait que révéler la beauté déjà présente. Mais jouer avec la colorimétrie, c’est, pour moi, signer en quelque sorte ma photo. Il est possible de lui donner une tout autre ambiance… beaucoup plus froide (dans les bleus) ou beaucoup plus chaudes (dans les jaunes).

Pour cette photo, je suis partie sur les couleurs complémentaires et plus exactement, les couleurs triadiques. Les couleurs complémentaires sont harmonieuse entre elles. Avec une triade, on associe 3 couleurs qui s’harmoniseront bien entre elles.

Ici, il s’agira du beige (orange/marron très clair) : la peau, qui s’associe bien, selon la roue chromatique, avec le violet et le vert comme vous pouvez-voir ci-dessous :

En prenant la couleur de la peau, j’ai pu constituer une triade colorimétrique avec ses deux couleurs complémentaires : le violet (que j’ai mis en légère touche sur les murs de briques) et le vert (déjà présent dans le fond).

 

Finalisation de la photographie sur Lightroom

Une fois toutes ces étapes passées, j’en ai fini avec Photoshop. Je repasse alors dans Lightroom pour finaliser, en 5mn, la photo. Ouf, c’est bientôt fini ! :-)

Une fois la photo travaillée dans Photoshop, de retour dans Lightroom, il me reste sa finalisation qui va très vite (5 mn).

Je la recadre si nécessaire. Ce fut le cas pour cette photo afin d’avoir l’un des yeux (le droit) sur un point de force (cf. la règle des tiers en photographie). J’ai ajouté un tout petit peu de contraste encore, baissé les hautes lumières et ajouté un vignettage (bords plus sombres) afin de faire ressortir le visage.

Voici le avant/après (utilisez le curseur de gauche à droite) :

L’ensemble des modifications m’a pris environ 1h – 1h15 sur cette photo. Mais il arrive que, sur certaines autres, j’y passe 2 à 3h. Ce qui est intéressant, pour bien se rendre compte du travail (oui, c’est du travail mine de rien), c’est l’ensemble des calques Photoshop nécessaires pour faire tout ce traitement. Cf photo ci-dessous.

N’hésitez pas à commenter si vous avez la moindre question !